7.Billets d'humeur (ou pas)

J’aime beaucoup écrire. J’ai moins de temps à présent pour l’écriture de nouvelles, alors je me rattrape sur l’écriture à partir de photos. Sans redondance. J’essaie de faire en sorte que le texte et la photo se répondent.  Ce n’est pas toujours évident. Mais j’essaie..

Je me suis donc mise à collectionner des photos sur le net. Et j’ai fini par avoir une prédilection pour des photos artistiques en noir et blanc, présentant le plus souvent un nu féminin, parfois accompagné, mais pas toujours. Certains corps, vraisemblablement photoshopés sont magnifiques.

Inutile de tenter Facebook, le niveau est accablant, il ne comprend rien à rien. Je poste donc sur Instagram. Et il m’arrive parfois de me faire censurer. Cela me met dans des états de rage que vous pouvez à peine imaginer. Vous pourrez toujours penser que j’ai de la chance de n’avoir que ce genre de problème existentiel. Je vous répondrai que vous n’en savez rien et que c’est très mal de juger. Je ne poste pas ces photos juste pour poster. Je les choisis, je les observe, je laisse venir les mots, c’est plus ou moins évident. Parfois il est vrai je sombre dans la facilité, parfois, je suis assez fière de moi.

Alors quand je constate qu’un(e) aigri(e), ou un(e) pisse-froid se permet de me censurer et de faire passer la photo et mon texte à la trappe, j’ai des décharges d’adrénaline. Je serais un homme, je parlerais de testostérone. Une pure envie de tout casser. Oui, ça va jusque là.

Une Instagramer il y a quelques jours a suggéré d’inonder Instagram de photos de nu. C’est devenu un jeu. Sur une journée. Peu en définitive ont participé il faut le dire, et quelques hommes quand même ont apporté leur contribution.

Cela aurait pu en rester là.

Je faisais défiler Instagram dans la soirée, quand je suis tombée sur un texte assez virulent et moqueur de la part d’une personne qui prône par ailleurs la liberté d’expression et la liberté tout court. Ce texte se gaussait de ce « combat que certaines femmes menaient pour montrer leurs seins sur Instagram ». Le texte a depuis été expurgé, car ce combat était qualifié de tartufferie. Il a dû finir par se souvenir que la liberté d’expression a ses limites.

Les internets sont vraiment méchants.

Ce monsieur, auteur dudit texte, ne faisant plus partie des gens que je suivais avec plaisir, je lui réponds de la même manière. Il n’aura qu’à se sentir visé tout seul.

Ce texte abordait le combat à mener par les femmes. Les vrais combats, précise-t-il.

Je suis d’accord. Il y a des femmes qui se font tabasser à domicile et en extérieur. Qui se font violenter, mépriser car elles portent des tenues jugées provocantes. Qui ont des salaires plus bas que les hommes à travail égal…

Et de citer les « vrais » combats : les Femen, le droit à l’avortement, à la rondeur, la minceur…Et de leur droit à disposer librement de leur corps.

Et que tout le reste n’est que Tartufferie… (Ôté du texte initial, mais il y a des mots qui ne cessent de hurler.)

Que doit-on comprendre, cher Nico ?

Qu’il y a une hiérarchisation des « combats » à mener ?

Mais, même si je n’ai jamais parlé de combat de mon côté pour ma liberté d’expression, ce n’est pas en cédant sur les petites choses que l’on fera avancer les grandes.

Et puis le coup de la tartufferie une fois accusé, j’ai déroulé le fil des commentaires. De gens que je ne connaissais pas.

Une personne affirmait que le « combat » en question avait de toute manière été mené dans les années 70. C’est vrai. Mais alors, pourquoi donc se fait-on encore censurer ? Siffler pour un décolleté ou une jupe trop courte ? Si le combat mené est réglé !

Les internets sont méchants.

Une autre parlait de ces pauvres femmes encouragées à montrer leurs seins pour le plaisir des hommes. Ces pauvres femmes bernées par les hommes, qui leur font croire qu’elles sont uniques et qui en réalité tiennent le même discours à d’autres femmes dans le même temps.

(J’avoue, sur le coup, on est loin du féminisme. Il y a encore d’autres combats à mener.)

Les internets sont bien méchants.

Et bien d'autres choses encore que j'ai oubliées. Cela n'était pas intéressant.

 Je n’ai jamais encouragé personne à exhiber ses seins, je ne les montre pas moi-même.

Je parle d’autre chose, cher Nico.

Je parle d’être infantilisé(e) par des censeurs de tout poil.

Et ça dépasse de très loin le féminisme.

Avant de porter des jugements aussi sévères et stupides pour épater la galerie, il faut parfois réfléchir, cher Nico. D’autant que tu connaissais ma position.

Les internets sont vraiment méchants.

Je ne cherche aucunement à m’approprier la photo, mais je n’ai pas pu en identifier l’auteur. Si quelqu’un le/la connaît, c’est avec un immense plaisir que je le/la créditerai.